Hussein Ben Ali Tourki
Ahmed Bey (El Mouchir)
Mohamed Bey
Sadok Bey
Ali Bey
Mohamed Lahbib Bey
Moncef Bey (Le Bey du peuple)
Lamine Bey
Le film de Mahmoud Ben Mahmoud
Lundi 21 juillet 2008 a été diffusé sur TV5 le dernier documentaire
de Mahmoud Ben Mahmoud traitant de la dynastie husseinite et surtout de
son « extinction ». Plusieurs témoignages, et non des moindres, ont
relaté les moments assez dramatiques et humiliants –humainement
parlant- de la destitution de Mohamed Lamine Bey sa mise en résidence
surveillée et sous haute garde avec sa famille dans la résidence vétuste
à la Manouba (l’actuelle prison des femmes)…Un dossier bien ficelé par le réalisateur des « Milles et une voix » et « Théâtre en liberté » entre autre.
J’ai eu l’occasion de visionner ce documentaire alors qu’il était en phase de finition, déjà un grand nombre de questions se sont bousculées dans ma tête, eu égard à la justesse du ton de l’auteur ainsi que de sa perspicacité à fouiner ces moments de l’histoire riches en enseignements.
La simplification de notre histoire récente, son nivellement par le bas, si ce n’est pas son occultation, fait que l’on soit d’une indigence totale sur ces événements historiques, encore pire quand il s’agit des drames qu’ont vécu les uns, les comportements louches et la convoitise d’autres, sans parler de la façon politiquement médiocre avec laquelle c’est accompagnée la proclamation solennelle de la République quand au traitement de ces citoyens tunisiens – n’en déplaise aux revanchards de tous bord- appelés les husseinites.
Il est incontestable que la signature du traité du Bardo sous la menace des armes le 12 mai 1881 a constitué une humiliation à ce semblant d’état qu’était la Régence de Tunisie, il est non moins évident que ce traité assurait une retraite à vie à cette dynastie à jouir des privilèges que lui conférait les rangs de Rois, Princes et Princesses, sous la haute protection de la République Française. Il est aussi incontestable que le protectorat a mis fin à la « barbarie » du règne absolu de cette dynastie qui a brillé par ses répressions sanglantes au cours des siècles passés.
En 75 ans de « protectorat » de la dynastie et d’occupation coloniale de “la Tunisie”, les descendants de Hussein Ben Ali Tourki ont fini qu’on le veuille ou non par être «phagocytés», intégrés et “tunisifiés”. La rupture des liens d’allégeance et de soumission à la sublime porte a rompu définitivement le cordon « ombilical » entre ces circassiens avec leurs origine levantines.
La chute de l’empire Ottoman et l’avènement de la république d’Atatürk, les a « condamnés » soit à être Tunisiens ou Français. Ils ont choisi d’être tunisiens.
Comme on dit chez nous « les doigts de la main ne sont pas égaux », les princes et souverains husseinites n’avaient pas eu une attitude claire vis-à-vis du protectorat, certains étaient complaisants d’autre étaient soumis et obséquieux, mais le règne de feu Moncef bey à consacré un rapport nouveau avec cette dynastie, la réconciliation était un fait nouveau et indiscutable ce monarque à su trouver les gestes et les mots pour se faire plébisciter bey du peuple, ses funérailles ont été un moment de communion sans égal dans l’histoire contemporaine de la Tunisie avant l'indépendance.
Certes Lamine Pacha bey n’a pas brillé par des positions fermes à l’égard du protectorat particulièrement au cours des mandats de Voizard ou de De hautecloque qui se sont illustré par une répression dure vis-à-vis du mouvement national.
Toujours est-il que le processus de l’autonomie et de l’indépendance se sont déroulé sous son autorité. Le passage du statut de protectorat vers celui de l’indépendance a été constitutionnellement à son crédit.
La question qui se pose aujourd’hui est : est ce que la revendication de la République était-en 1957- à l’ordre du jour populairement et politiquement ?
Le pays était dans une euphorie de "spectacularisation" de la libération du joug de la colonisation, toute les raisons étaient bonnes pour rappeler au tunisiens qu’ils avaient à se réjouir des changements en cours. Les réjouissances et les fêtes organisées dans les places publiques n’étaient que l’avant goût d’une indépendance dont les fruits tardaient à venir.
Le 7 août 1957, Habib Bourguiba se déplaçait à Kasserine, en grande pompe dans un discours enflammé, il annonçait aux Fréchichs et Majeurs que la proclamation de la république n’est rien d’autre que la revanche prise par « Bourguiba » sur les descendants de ceux qui ont écrasé dans le sang les révoltes de leurs ancêtres en 1864 et 1914.
La manipulation de fait tribal est un des arts de prédilection du combattant suprême : tantôt négatif et poussière d’individus et en d’autres circonstances sublimé et démagogique pour flatter la populace.
Le traitement de la famille husseinite, au lendemain du 25 juillet 1957, entre les visées politiques et les reflexes de revanche, le dépouillement de leurs biens –mal ou bien acquis-la razzias des joailleries, tapis meubles par des margoulins de la pire espèce, porte en son sein les germes d’un autoritarisme qui fait fi de la souveraineté populaire et des dispositions constitutionnelles et des lois de la « nouvelles république ». Certains ténors de l’époque estimaient que l’attitude de la nouvelle république était plus humaine que celle de Abdelkrim Kacem vis avis de la famille royale Irakienne.
Les blessures morales qu’ont subies des citoyens tunisiens de la famille husseinites ne sont que la suite naturelle d’autres blessures subies par les Yousséfistes, les petits agriculteurs italiens du bassin de la Medjerda ou autres récalcitrants aux choix personnels et mégalomaniaques du combattant suprême au nom de l’unité nationale.
Vu après plus de 50 ans, le passage de la royauté husseinite vers la république Bourguibienne aurait pu épargner à notre pays des rancœurs inutiles et consacrer une réconciliation heureuse et incontournable et donner aux jeunes générations une image vraie et non pas un brouillard occultant de notre histoire récente.