On n'arrête pas d'apprendre! C'est au cours d'une
discussion avec mon frère et un vieil ami que je n'ai pas vu depuis un certain
temps, que j'ai eu connaissance de ces familles Douiret installées à Kairouan
depuis cinq ou six générations. Des Douirets
parti du village natal pour un tas de raisons il y en a eu depuis
longtemps au Jerid à Annaba, à Tunis ou ailleurs, certains revenaient d'autres
avec le temps s'installaient soit en famille ou prenaient femmes de la région
d'accueil et se fondaient dans le nouvel environnement social exploitant leur
savoir faire agricole ou en tant que négociants
et commerçant ou d'un artisanat dont le marché leur était
favorable.
Les
Boukhris, selon un de leurs descendants,
s'étaient illustrés dans la chaudronnerie en cuivre pour la fabrication
chaudrons marmites bassines et autres ustensiles de cuisine, de compléments d'armurerie
divers ainsi que des ouvrages décoratif, de ferronnerie . Le nom boukhris(بوخريص) est très répandu en Tunisie, il y a même une rue
portant ce nom dans le quartier du morkadh. Ce nom, composé du préfixe Bou
dont la signification littérale est "Père", veut dire : celui qui
porte ou qui a, et du terme Khris qui est le diminutif de Khors
(خُرْص) qui signifie "boucle",le nom veut dire donc celui qui porte
la boucle.
Selon
cet ami –un Boukhris- donc cette activité de chaudronnier, ses ancêtres la
partageaient en association avec des familles de Juifs de Douiret. Dans les
villages berbères il y a eu toujours des familles juives qui avaient leur
temple pour y pratiquer leurs rituels religieux. On raconte qu'un des dignitaires
Ibadhites s'est mis en colère une fois avec ses "coreligionnaires " qui
n'arrêtaient pas de dire à tout bout de champ: Oudayenna, oudayenouen,
oudayennsen , ( Notr juif, votre juif, leur juif)en parlant des juifs des uns
et des autres. Notre petite histoire a encore beaucoup de choses à nous
apprendre. Jusqu'au début du XXème S. Les Boukhris ont continué avec les juifs
de Douiret a faire usage de leur savoir faire non pas dans la fabrication mais
dans la réparation et le brasage de tout ce qui est en cuivre, alors que leurs
cousins de Kairouan ont prospéré dans le fameux souk Enn'has de la ville.
Les Boukris de Kairouan bien qu'ils ne soient
jamais retourné au village de leurs ancêtres, continuent d'avoir des liens avec
leurs cousins ceux du village et ceux de Tunis. Je me suis promis de faire un
saut à Kairouan avec l'ami pour rendre visite à ses cousins et savoir un peu
plus sur l'histoire de leurs familles et la manière avec laquelle ils se sont
fait adopter par la ville Aghlabite.