jeudi 23 octobre 2014

Le secteur des constructions soudées en Tunisie :



Le secteur des constructions soudées s’est développé autour d’un premier noyau d’entreprises dont la plupart existaient déjà avant l’indépendance (La Sammi, anciens ateliers Durafour, la SCIN, la Stucom, la SGI,  la Socomena anciens ateliers de l’arsenal de Bizerte et la Sicame). Le développement du secteur s’est effectué  à partir des années 70 à la faveur des 4ème, 5ème et 6ème  plans de développement, avec la réalisation des grands projets dans les industries chimique, minière, des matériaux de construction,  de l’énergie et du transport ferroviaire, il a participé avec les grands constructeurs étrangers (CLE, SPIE, FCB, Polysius, Kawasaki, Hytachi et d’autres)  dans l’équipement du pays. Relevant d’une technologie simple en apparence et ne nécessitant pas d’importants investissements, l’activité à drainé un très grand nombre de promoteurs dans le cadre du FOPRODI, pour des projets généralement de petite et moyenne taille ( < à 50). Des investissements importants ont été initiés aussi bien par les pouvoirs publics au cours des années 70, par la création des ACMG, de Tofco, des ateliers centraux de La CPG ou le développement de l’atelier structures métalliques d’El Fouledh, que par le secteur privé tels la SGI, la Socomenin, la SCIN, Sabourin, la COMEC. Quatre pôles principaux vont attirer la majeure partie de l’activité et des investissements :Le grand Tunis, Sfax,  Bizerte, et Gabes.
Ceci s’explique par la concentration industrielle et la proximité des grands donneurs d’ordres.
1.1 Répartition et diversité des activités :
Les constructions soudées couvrent les branches  et produits suivants[1] :
Code
Branches
Activités et produits
11
Charpente métallique
Bâtiments, Halles, supportages, Racks, pylônes, ponts métalliques, passerelles, structures et ouvrages de plateformes de forage.
12
Chaudronnerie tuyauterie
Réservoirs, citernes, appareils sous pression, fonds bombés, récipients à gaz, trémies, silos métalliques, construction navale, tuyauterie à moyen et grand diamètre, gazoducs, oléoducs, colonnes, cheminées, gaines etc.
13
Mécano soudage
Matériels roulants, remorques, wagons, bennes, poutres pour ponts roulants ossatures d’appareils de levage, machinisme agricole, biens d’équipements industriels et T.P. etc.…
14
Serrurerie
Accessoires pour bâtiment : portes, portails, châssis métalliques vitrés, clôtures et grilles métalliques, garde corps, échelles, escaliers métalliques, etc.…
15
Mobilier métallique et coffres forts
Armoires, coffrets, bureaux, rayonnages, literie, vestiaires, sièges, coffres forts, armoires blindées, etc…
16
Fabrication spécifique
Grillages, treillis soudés, crochets chaînes etc…
17
Montage et maintenance
Montage d’usine, installations industrielles, S/T montage de charpente, maintenance industrielle.
18
Tôlerie
Bardage couverture, gaines, volets de rideaux métalliques, etc
1.2 Recensement,  tailles et répartition des entreprises : Apres consultation des bases de données  de l’API et du CETIME, et vérification de l’activité principale auprès des entreprises,  le recensement fait ressortir un total de 132 entreprises ayant un effectif égal ou supérieur à 10 salariés, 37 entreprises se sont engagé dans le programme de mise à niveau depuis son lancement.
Taille entreprises
Nombre
%
De 10 à 20
41
31%
De 20 à 50
41
31%
De 50 à 100
29
22%
De 100 à 300
18
14%
> 300
3
2%
Total entreprises
132


Taille entreprises
Effectifs
%
Effectifs <20 span="">
548
7 %
De 20 à 50
1241
16 %
De 50 à 100
2003
26 %
De 100 à 300
2754
35 %
> 300
1233
16 %
Total des effectifs
7779



Il est à noter que 62% (82) des entreprises ont des effectifs < 50 salariés et que plus de la moitié des effectifs (51%) se concentrent dans les 21 entreprises (16%) de plus de 100 salariés.







Répartition géographique des entreprises tous secteurs confondus


<20 span="">
De 20à 50
51 à 100
100 à300
>300
TOTAUX
Grand Tunis
18
13
17
8
0
56
Nabeul
2
5
1
1
0
9
Zaghouan
1
0
0
1
0
2
Bizerte
4
5
0
2
0
11
Sahel
8
3
2
2
0
15
Sfax
6
10
6
3
2
27
Gabes
1
5
2
0
1
9
Gafsa
0
0
1
0
0
1
Kairouan
1
0
0
0
0
1
Beja
0
0
1
0
0
1
Total
41
41
30
17
3
132




Les tendances observés depuis deux décennies  concernant la forte concentration des entreprises dans les zones côtières et la croissance du nombre de micro entreprises, semblent se confirmer et ceci malgré les incitations accordées pour les projets décentralisés, ceci s’explique en partie par :
·   L’absence de traditions et de culture industrielles malgré les implantations importantes au Kef, Kasserine et Médenine.
·   Le déficit en main d’œuvre spécialisée dans les villes de l’intérieur (Soudeurs qualifiés, traceurs, chaudronniers tuyauteurs et monteurs) 
·   La résistance des cadres et cadres de maîtrise à se déplacer vers l’intérieur. 







Répartitions géographiques des entreprises par branches d’activité
Codes
11
12
13
14
15
16
17
18
Grand Tunis
13
13
9
12
4
1

3
Nabeul
6
2
1
1
0
1

0
Zaghouan
1
1
0
0
0
0

0
Bizerte
6
1
0
1
0
2

0
Sahel
7
1
1
5
1
0

1
Sfax
6
8
2
7
0
3

1
Gabes
6
3
0
0
0
0
2
0
Gafsa
1
0
0
0
0
0
1
0
Kairouan

0
0
0
0
0

0
Beja
0
0
0
0
0
0

0
Total
44
29
13
26
5
7
3
5


Répartition des entreprises par branches et par tailles
Codes
11
12
13
14
15
16
17
18
Total
< 20
15
7
0
12
4
2

1
41
20 à 50
19
5
3
8
1
4

1
41
50 à 100
9
7
6
4
2
1
3
1
32
100 à 300
4
6
3
1
1
0

2
17
> 300
0
3
0
0
0
0

0
3
Total
44
28
12
25
8
7
3
5
132

Les tableaux précédents font ressortir que l’activité  de la charpente métallique avec 44 entreprises continue à drainer le plus de promoteurs, suivie par celle de la chaudronnerie avec 28 entreprises, beaucoup de création de micro entreprises sont initiés par des salariés d’entreprises en difficultés ou qui ont cessé leurs activités, ce qui a favorisé un développement anarchique de ces deux activité. Par ailleurs le retour d’attention des architectes et des consommateurs pour les ouvrages en ferronnerie de bâtiment ou d’ameublement, a suscité un vif intérêt d’un nombre d’artisans et de promoteurs pour la branche d’activité et dont la taille ne dépasse guère les 10 à 20 salariés.
1.3-Variation du nombre d’entreprises et des effectifs 1983/ 2005
Taille des entreprises
1983
2005
Variation
Effectifs <20 span="">
22
41
+ 86 %
De 20 à 50
31
41
+ 32 %
De 50 à 100
25
29
+ 16 %
De 100 à 300
17
18
+  6%
> 300
6
3
- 50 %
Total entreprises
101
132
+ 31%

Taille des entreprises
Effectifs 1983
Effectifs 2005
Variation
Effectifs <20 span="">
304
548
+ 80 %
De 20 à 50
1209
1241
+ 3 %
De 50 à 100
1980
2003
+ 1 %
De 100 à 300
3211
2754
- 14 %
> 300
3300
1233
- 63 %
Total des effectifs
10004
7779
- 22 %
Les tableaux précédents font apparaître paradoxalement une augmentation du nombre d’entreprises de 30 %  concentrée dans les tranches de tailles < 100 salariés, et à l’opposé une diminution des effectifs de 22%, concentrée dans les tranches de tailles > 100 salariés, ceci s’explique par l’arrêt de l’activité de deux entreprises importantes la SGI et la SOCOMENA et la réduction d’effectifs pour une autre.
2- Evolution de la production, de la valeur ajoutée  et des investissements:
La production du secteur des constructions soudées, à enregistré une progression moyenne de l’ordre de 5 %.
Années
2001
2002
2003
2004
Production
118,5
125,5
129,1
136,8
%

6%
3%
6%


La valeur ajoutée :
Branches
Structures de bâtiments
Structures industrielles
Chaudronnerie
Produits standards
Ratio
20%
25%
35 à 40%
32%
Source enquête de l’API auprés des opérateurs
La valeur ajoutée parait se stabiliser pour les activités de charpentes et structures industrielles entre 20 et 25 % ceci est dû à :
·         La stagnation des moyens de productions.
·         A l’arrivée d’un nombre supplémentaire d’opérateurs dans la branche d’où une forte concurrence et des craintes quand aux éventuels investissements technologiques.
·         A la faible complexité des ouvrages de charpente classique et la rareté d’ouvrages architecturaux à forte valeur ajoutée (Tours de contrôle, Gares et terminaux aéroportuaires, monument d’art urbains tel l’horloge de Tunis,  bâtiment civils et les ouvrages d’art à grande portée)
Pour les activités de chaudronnerie, la valeur ajoutée varie de 35 à 40%, et pour les produits standard elle est de 32%. Ces chiffres  restent malgré tout en deçà de la valeur ajoutée des entreprises Françaises qui sont pour la charpente métallique de 33%, pour la chaudronnerie de 42%, pour les réservoirs et citernes de 38% et pour le mobilier métallique (produit standard) de  36%
Après  avoir enregistré un bond de croissance de 67%  en 2002 et 4% en 2003, les investissements régressent de 30% en 2004
Années
2001
2002
2003
2004
Valeurs
7500
12500
13000
10000
Source MDCI

3 Matières premières, produits et échange extérieurs :
Les intrants principaux de l’activité des constructions soudées, acier laminé en profilés ou en produit plats et dans ces différentes nuances qualités et variétés, accessoires de couvertures et d’assemblages continuent à être totalement importées.
3 .1- Importation d’acier : La croissance des importations d’acier n’a cessé de croître au cours des années 2000-2004.
Années
2000
2001
2002
2003
2004
Quantités en 1000 de TM
596
549
550
833
940
%

9%

51%
13%
Source IISI


Consommation d’acier par habitant dans le monde

2000
2001
2002
2003
2004
L'Europe des 25
360,3
349,2
346,5
349,5
364,8
Amérique du Nord
333,8
287,2
290
282,6
316,1
Amérique du Sud
74,5
76,3
70,3
70,3
82,3
Afrique
27,6
31,1
35,2
33,7
34,9
Tunisie
74,1
69,5
64,7
80,6
88
Moyen Orient
138,1
158,5
169,3
 197.6  
196
Asie
97,1
104,1
116,1
129,9
143,6
Monde
134,3
134,7
141,6
151,2
134,8


Le ratio de la consommation  d’acier par habitant de la Tunisie la place en 4ème  position après l’Afrique du sud 89 kg, la Libye 90 kg et l’Algérie 92 kg 
3.2- Importation / exportation de produits dérivés des constructions soudées :
Importation
Code NGP et produits
2001
2002
2003
2004
2005
7309 -Constructions métalliques  et dérivées
15,101
12,228
28,845
21,039
14,283
7309 et 7310 - Réservoirs cap > 300 l hors Gaz liquéfié ou comprimé
2,039
25,626
50,819
31,424
14,955
7311 - Réservoirs pour Gaz comprimés ou liquéfié
20,122
1,607
2,403
1,353
1,052
8303 - Coffres forts et assimilés
1,167
1,458
0,976
0,579
0,484
8402 - Chaudières hors chauffage central
4,110
4,596
6,245
4,294
3,413
8609 -cadres et conteneurs
2,585
0,477
1,982
0,979
0,265
8716- Remorques et semi remorques
17,113
12,050
9,089
10,272
11,522
940310 et 940320-Meubles en métal de bureau et autres
7,780
4,115
4,914
4,025
5,604
Total En MTND
70,017
62,157
105,273
73,965
51,578
Source MDCI


Exportations
Code NGP
2001
2002
2003
2004
2005
7309 -Constructions métalliques  et dérivées
11,212
13,351
19,196
17,670
33,792
7309 et 7310 -Réservoirs cap > 300 l hors Gaz liquéfié ou comprimé
3,306
8,081
12,164
12,363
6,033
7311-Réservoirs pour Gaz comprimés ou liquéfié
0,053
0,011
0,459
1,020
0,417
8303 Coffres forts et assimilés
0,028
0,010
0,012
0,063
0,059
8609 - cadres et conteneurs
0,371
0,128
1,818
2,436
0,365
8716 - Remorques et semi remorques
12,991
11,610
9,096
8,374
13,114
940310 et 94032 - Meubles en métal de bureau et autres
13,571
8,668
9,120
13,164
12,070
Total
41,532
41,859
51,865
55,090
65,850


4. Structure des coûts :
4.1 - Les intrants :
L’intrant le plus important dans l’activité des constructions soudées est l’acier dont les prix ont enregistré comme partout dans le monde une forte hausse, sont coût environ 30 à 40 % du coût des produits. Les délais d’approvisionnement pour les aciers au carbone de construction sont relativement courts du fait de leur disponibilité chez les importateur des produits sidérurgiques, toutefois les produits plats de largeur supérieure à 2000 mm ne sont disponibles que sur commande en raison de la limite des installations de cisaillage et de refendage à cette dimension. Par contre les délais d’approvisionnement des tôles pour appareils à pression à températures ambiante ou à hautes températures ainsi que  les aciers inoxydables et réfractaires sont plus longs (minimum 3 mois). C’est le cas pour les accessoires des récipients à pression et spéciaux (Soupapes, vannes, limiteurs, jauges etc.) les produits d’apport sont disponibles en quantité et en qualité.  
4.2 – La main d’œuvre :
Bien que réputée bon marché, la main d’œuvre demeure le facteur spécifique et déterminant de la compétitivité du secteur, en effet le retard accumulé en matière d’investissement en équipement technologique limite la compétitivité à l’intervention de la main d’œuvre indépendamment de sa qualification et de son habileté, il s’agit beaucoup plus d’heures/ bras que d’heures/ machines et les limites sont rapidement atteintes. Il est vrai que les organisations, la gestion des flux, des moyens de manutention, des économies d’énergie, de matières et des queues de baguettes améliorent les ratios mais les résultats ne sont pas spectaculaires. En l’absence d’approche analytique des calculs des coûts, les estimations ne peuvent être que grossières, à titre d’informations les ratios les plus optimistes en matière de charpente sont de 60 à 70 heures/ tonne tout ouvrages confondus, en chaudronnerie le ratio est de 70 à 90 heures/ tonne. Il est à signaler que plus de des deux tiers des ouvrages réalisés sont de la catégorie légère et moyenne où les sections de profilés n’atteignent guère les IPE/HEA 400 à 600, et les épaisseurs de tôles les 30 mm.
Au niveau de la qualification de la main d’œuvre, le secteur offre une mosaïque très diverse de qualification. En fait c’est la taille minimum  ou la spécialisation par activité ou produit qui va déterminer l’exigence d’une qualification admissible des opérateurs. A ce niveau il n’y a pas de doute à avoir au sujet des qualifications disponibles particulièrement dans les activités à haute exigence telles les chaudronneries soumises, le mécano soudage, la tuyauterie ainsi que le domaine de la préparation et des études. L’activité soudage comme partout dans le monde est perçu comme un art à part et le milieu des soudeurs en Tunisie n’échappe pas à ce constat. Toutefois le métier parait d’autant plus facile à aborder, que la systématisation de la haute qualification demeure plus difficile à atteindre. C’est au niveau du maillon intermédiaire entre la conception et l’exécution que le vide se ressent le  plus.
 Conclusion :
Le secteur des constructions soudées continue malgré les aléas et les incertitudes à attirer les opérateurs et entrepreneurs, sa vitalité persiste en témoigne les grands progrès réalisés depuis les années 70, certes de entreprises de grandes envergures sont disparues et avec elles une masse critique et un savoir faire s’est perdu en partie, mais d’autres ont pris la relève avec vigueur et confiance. Leur produits s’exportent dans les pays proches et lointains : Des réservoirs de GPL, de carburant des colonnes, des ouvrages chaudronnés de grande facture, des semi remorques et des sièges pour le stade de France. Des insuffisances persistent des préoccupations agitent le secteur Nous essaieront de les passer en revue à partir d’une enquête réalisée pour ces journées en vue de formuler ensemble le positionnement adéquat aux défis des années à venir.    


[1] Classification du CETIME In IME N° 1 : Evolution du secteur des constructions soudées par SAIDANE A.

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