A l’instar des pays du bassin méditerranéens, en Tunisie fleurissent mille et un rythmes aux sonorités des tambours et autres instruments à percussion à peau tendu, ainsi que des instruments à vent de type gasba, fhal (فحل), Zokra et cornemuse (مزود) .
Nous pouvons distinguer deux tendances quand aux origines ethniques des spécialistes de ces instruments et musiques : Une ligne de démarcation sépare les régions de musicien d’origine noire et des musiciens non noirs, cette ligne part approximativement du nord de Gabes pour arriver jusqu’à Nefta.
Cette zone, a eu historiquement des villes-marchés de négoce et de traite d’esclaves, Il est remarquable de constater que le « métier » de Tabbal, et de Zakkar est exclusivement le propre des populations noires. Cette activité était considéré jusqu’au deuxième tiers du 20ème siècle comme « dégradante » pour les « ahrar ». Ainsi les transmissions de l’art de la percussion et des mélodies de la Zokra étaient exclusivement relayées par des familles de descendants d’esclaves qui ont été rattachées pour la plus part aux familles de leurs anciens « maîtres » quant à leur patronymes. Certains continuent à être dénommés par l’appellation de « äbid » (esclaves) h’marna ou âbid Ghbounten ; le terme de âbid signifie en général dans ces régions « le zakkar ou le Tabbal ».
Outre cette distinction historique et anthropologique résultante de la ligne de démarcation, il en est une purement technique et artistique quant aux styles rythmique et mélodique de chacune des deux régions. On constate en effet, des structures rythmiques nettement plus diversifiées dans la région au nord de la ligne de démarcation, les rythmes Fazzaâi, sayya, khil, âllagi et autres derrazi et hammedi, se caractérisent par la complexité du tempo et des enchainements jubilatoires dansants où le jeu du cheval a une place de choix. Ces enchainements découlent d’une grande variété de chants particulièrement dans les hauteurs des plateaux de l’ouest.
Quant aux rythmes de la région sud, au nombre de cinq : le Chehid, le Taouahi, le Jeridi ou le Douiri, le Zgaïri et le Gougou sont fortement imprégnés d’influences à la fois africaine ( Le Gougou, le Jeridi et le Zgaïri) et de mélodies bédouines propre au zones sahariennes ( Le Chehidi et le Taouahi) Les rythmes Jeridi et Gougou offrent des spectacles de danses de fusils ( le Miz) et de bâtons, fort attrayant et spectaculaire.
D’autre part les danses aux rythmes de tabla des ghbounten ou H’marna une sorte de grand plat en bois d’olivier recouvert d’une peau de dromadaire tendue sont spécifiques de la région de H’marna (Mareth) et de Médenine.
Le Nakh (Danse de la chevelure des femmes) naguère répandu dans tout le sud et le sud est, retrouve depuis quelques temps de plus en plus d’accueil et d’intérêt particulièrement à El Faouar et à Douz.
Par ailleurs il convient de signaler le caractère spécifique des îles de Jerba et de Kerkena, bien que chacune appartienne à une région différente de l’autre quand aux origines ethniques de ses musiciens, il n’en demeure pas moins qu’elles ont en commun beaucoup d’éléments mélodiques et rythmiques résultants probablement d’emprunts et d’influences croisées dus aux migrations entre autres, ce qui leur donne un cachet que l’on ne rencontre nulle part ailleurs.
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