mercredi 27 juillet 2011

Chants et danses de possession à Tunis, le Stambali




La tradition mystique et thérapeutique bilalienne connue comme danse de possession est sans doute la plus répandue parmi les communautés noires de l’ensemble du Maghreb. Se réclamant de Bilal ancien esclave éthiopien devenu le muezzin du prophète, les groupes d’esclaves noirs ramenés par les caravanes des négriers mozabites du pays haoussas depuis des siècles, étaient disséminés de Ghât jusqu’au Tafilalet en passant par Ouerjellane -l’actuelle Ouargla- et Ghardaïa, ont créé leurs propres confréries mystiques ainsi que le corpus de chant autour de leurs saints musulmans ou islamisés tels les sidi Saad, Sidi marzoug ,Sidi Gnawa…ou les esprits et djinns de leurs ancêtres tel les doudous Brahim, Sangaré ou jengueur mama, Bahri etc..
Le diwan d’Alger, le bouri ou stambali de Tunis, les Gnawas au Maroc ainsi que partout dans les oasis sahariennes de Touat, Ghadamès, Ghât, ou Bechar un chant nègre islamisé mais qui demeure fortement imprégné de croyances ancestrales païennes où se mêlent exorcisme, transe, possession et les résurgences vaudou.
Le stambali de Tunis conduit par Yenna Hafedh Haddad –véritable héritier du grand Yenna Fraj f’noun- perpétue avec maîtrise le rituel Bilalien des Galadimas et des Arifas de Tunis d’antan qui gardaient jalousement les traditions haoussa avec des séances de danse de possession menées par une Arifa (celle qui détient le savoir), séances auxquelles on attribue des vertus thérapeutiques ou homéopathique.
Pendant longtemps Les confréries stambali étaient dépendantes d’un fonctionnaire (Bach-agha) du palais beylical de Tunis qui supervisait leurs activités et fêtes particulièrement celle du Bouc pendant laquelle un hommage est rendu à leur saint patron Sidi Saad echouchane à son mausolée dans la plaine de Mornag au sud de Tunis.
L’ensemble stambali est composé d’un Yenna (Maître) joueur de Goumbri, instrument à trois cordes formé d’une caisse de résonance prolongé par un long manche qui rappelle les calebasses à cordes africaines, de six joueur de shkasheks sorte de castagnettes métalliques et d’un joueur de tambourin en terre cuite (Kurkutu) recouvert d’une peau de chevreau tendue, ainsi que des Arifas qui mènent le rituel de possession. Les chants de louanges aux saints accompagnés par les sonorités basses et brutes du Goumbri, les rythmes stridents des shkasheks soutenus par les ritournelles interminables du Kurkutu, font de ce spectacle un véritable plaisir des sens.

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