En effet, «l’écrit » et par voie de conséquence le
« lu », socialement parlant, renvoi à trois champs de significations,
d’abord le champ du sacré symbolisé par le Coran principalement et le hadith ainsi
que de tout autre écrit s’y rapportant ou référant, tels les invocations et
autres écrits soufis. Le second, dérivé du premier concerne les usages
thérapeutiques ou fétichistes de « l’écrit » à bon ou mauvais escient
que pratiquaient les guérisseurs et les ‘azzamas qui vont de l’acte symbolique
de « l’ouverture du livre » (حَلآن الكتاب) pour
diagnostiquer une détresse, malchance ou maladie et confectionner l’amulette (حجاب) appropriée,
jusqu’aux pratiques de sorcellerie malveillante. Le troisième et le plus
important sur le plan social, c’est l’acte notarié, celui par lequel sont
fixées les relations de propriété, de mariages, de décès et d’héritage.
L’activité
artistique humaine, dans la société orale, celle qui se rapporte à la poésie,
la narration, la mythologie et les histoires du groupe sa généalogie et ses
événements, sont consacrées dans le rituel de la communication orale et de sa
transmission au cours des assemblées (ميعاد) des communautés rurales, ou bien dans les « forjas »
de la « Halqa » des narrateurs et fdaouis des café urbains.
La quête du « savoir
écrire et lire » était une sorte de privilège que ne pouvait s’offrir que
ceux dont les moyens le permettaient, le passage par le Kouttab entre les mains
du Meddeb, bien que encouragé par les préceptes du Hadiths, se limitait le plus
souvent à l’acquisition des rudiments nécessaires à faire la prière, à
déchiffrer ou à rédiger une « teskéré » et bien entendu à pouvoir
déchiffrer et gérer les actes de famille.
La
reproduction du système de diffusion de savoir était presque une spécialité
familiale ou tribale, les enfants d’une Zaouïa (َأولاد زاوية، فقرة) qui se
transmettaient la charge de l’enseignement. Quand à devenir notaire cela
impliquait des sacrifices tels que seules les familles aisées pouvaient se les
consentir.
Le savoir de
l’érudition qu’assuraient les grandes institutions comme la Zitouna, était un
privilège d’une caste de lettrés de père en fils, en majorité citadine et ayant
des attaches solides avec les pouvoirs politique et religieux. C’est ainsi que
des familles héritaient les charges de « Muftis »,
« Cadis », « Cheikh Islam » et cheikh de la Zitouna.
Dans ce
contexte, la société avait les éléments de sa « culture » qu’elle se
partageait selon des rituels traditionnels ancestraux, et les élites lettrées,
religieuses et politiques avaient les leurs dans une sorte de rupture
permanente.
Avec
l’introduction des techniques de l’imprimerie et l’apparition des livres, il
s’est crée dans les couches populaires des villes, des habitudes d’écoute
collective d’un lecteur des livres les plus prisés tels les mil et une nuit, la
sirat de ‘Antara Ibn Chaddad, Saif ubn dhi yazan, Ras el Ghoul ou Dat el Himma.
Des maisons d’éditions se sont spécialisées dans l’impression des contes
populaires ainsi que les images représentant des héros de ces histoires qu’ils
vendaient à prix modique.
C’est dans un
balbutiement d’une conscience de « soi » que vont naitre les
premières prémisses d’une pensée réformiste où il est question d’une identité
face à une altérité occidentale puissante, hégémonique et agressive d’une part
et surtout face à l’état de décadence de l’état, de misère, de fatalisme de la société, et de
l’incapacité collective (élites, pouvoir et individus) à identifier le
« Mal » et à y faire face.
Les courants de pensée réformistes
remontent au milieu du 19ème siècle avec les cheikhs issus de la
Zitouna, parmi lesquels nous pouvons citer le poète Mahmoud Kabadou,
(1812-1871) l’historien Ahmad Ibn Abi Dhiaf,(1804-1874) Mohammed
Senoussi,(1850-1900) Mohamed Beyram El Khames(1840-1889) et Salem Bouhajeb
(1827-1924). Ces personnalités avaient en commun une pensée réformiste active
qui revendiquait d’assimiler de la civilisation occidentale les éléments compatibles avec la Chari’a.
Ce courant de pensée ainsi que
l’apport de Khair-Eddine et la création de Sadiki semblaient arriver trop tard
face à la banqueroute de l’état, l’aggravation des rapports entre l’état
central, ses représentants et les sujets soumis aux exactions les plus
injustes.
La colonisation venait précipiter
l’état de dépendance du pays, son humiliation et la misère de la soumission des
populations dont les chefs de résistance se sont trouvés isolés et seuls face à
un envahisseur aux moyens techniques et matériels supérieurs à tout égard.
La rupture des élites, de la société
et de l’arrière pays tribal et traditionnel, ne faisait qu’accentuer
l’isolement des uns et des autres.
Les débuts de cassure de l’état de
rupture des élites de la société, s’exprimera par la voix de l’association des
anciens de Sadiki et de la Khaldounia dont l’objectif commun était la
transformation des mentalités par la lutte contre l’ignorance.
Par ailleurs, c’est du creuset de la
Zitouna que les tentatives des réformes vont tenter de s’exprimer à la fois sur
le contenu des programme de la Grande mosquée que sur l’état de misère sociale
des étudiants de cette institution.
La question de la langue arabe et de
sa défense comme un élément d’identité face au colonialisme, fut le point de
convergence des diverses tendances (Nationalistes, Oulémas Zeitouniens) afin de
construire une plateforme à la fois politique et intellectuelle et artistique.
C’est par la voix du cheikh M. Tahar ben Achour, présidant un congrès de cinq
jours, affirmant « l’indépendance et l’essor de la Tunisie dans le
domaine littéraire et l’aptitude de la langue arabe à s’adapter à la
modernité »[1]
Un courant se développe par la
création des associations littéraires et artistiques ainsi que l’action
journalistique, afin de créer les forums d’un nationalisme tunisien à partir
des éléments de son identité linguistique, religieuse malgré le fait que la
pensée réformiste « puise ses référents dans la culture
européenne ».Les élites de l’époques sont déchirées par leurs propres
références et racines « archaïques » et les influences nées de
l’école française, de sa culture ainsi que des influences venues de la
renaissance proche orientale et égyptienne en particulier.
Ces contradictions vont traverser
l’enceinte même de la Zitouna, c’est la jeune garde issue de cette institution
symbolisée par Aboul Kacem Chabbi, Tahar Haddad qui allait prendre en charge un
discours innovateur tant littéraire que social.
Conférences congrès et causeries se
multipliaient créant parmi les élites une dynamique inédite qui visait la
diffusion d’idées nouvelles. Les gens des lettres se sentaient interpelés par
le devoir de faire face aux défis nés du fait colonial ainsi que de l’état de
la société.
La conférence de Chabbi le 1er fevrier 1929 à la tribune
des Anciens de Sadiki donnera lieu à l’une des plus virulentes controverses
littéraires sur fond de rivalités
politiques. La rencontre de Chebbi, Hlioui et Bachrouch au premier tiers du 20ème
siècle, l’ascension du groupe Taht Essour, plus tard, avec A. Dou’aji, M. La’ribi, A.Karabaka, A.
Laroui, M. S. M’hidi, H. L’abidi, M. Khrayef, M. Bourguiba, M. Marzouki,
M.Bayrem Ettounsi, Z. A. Senoussi, A. Jendoubi, M. Ben Fedhila, A. Gherairi,
l’essor de l’activité journalistique et
littéraire donnera naissance aux courants créatifs et fondateurs tant par ce qui les rassemblait que par les
divergences qui les secouaient, à un moment de l’histoire chargée de menaces,
de misère sociales et d’incertitudes.
Cette période demeure aussi bien par les écrits que par les prises de positions
de ses protagonistes une référence dont est issue une grande partie de la
littérature tunisienne contemporaine.
Dans ce microcosme de la société
tunisienne des années 30, on a du mal à tracer les limites entre les divers
genres d’écriture ou d’activités en rapport avec la production littéraire,
journalistique, poétique aussi bien en langue « Fosha » que
dialectale. Le ton de la dérision prenait et de la satire devenait une arme de
combat de l’état colonial, de ses symboles et des ses alliés. C’est à partir
des sources d’une certaine culture populaire irrévérencieuse que la presse de
l’époque puisait ses ressources, pour vilipender toutes les formes d’injustice
et d’humiliation dont était victime le peuple tunisien, Ezzahou de Haj Othman
el Gharbi en est l’illustration, avec les poèmes d’un Abderrahman El Kefi un
poète engagé, d’abord dans la mouvance communiste avant de rejoindre les rangs
du Neo-Destour.
Ainsi la production littéraire de
cette époque était fortement marqué le souffle de la révolte, l’engagement
social avec les plus démunis, ce qui a favorisé l’éclosion d’un romain et d’une
nouvelle qui traduit des aspirations populaires par la voix d’écrivains qui
vivaient dans une certaine errance et marginalité.
Après l’intermède de la 2eme guerre
mondiale, C’est autour d’Athouraya que l’activité littéraire allait
s’organiser, donnant naissance à un nouveau courant autour de la revue
« El Mabaheth » de Mohamed Bachrouch , reprise en main par Mahmoud
Messadi entourré d’une pléiade de Sadikiens, (Ali Balhouane, Mahjoub ben miled
, Mohamed Souissi et Sadok Mazigh.) de formation moderniste ouverte sur les
cultures occidentales tout en demeurant attachés à une certaine spécificité
tunisienne pour contrecarrer le colonialisme, à un moment critique de
l’histoire de la Tunisie. Ce courant contribuera activement à l’enrichissement
de la littérature tunisienne par des œuvres majeures « Maoulid annisiane » « Haddatha Abou
Houraira » ainsi que des traductions des œuvres occidentales.
C’est dans cette quête de soi et la
prise de conscience des élites aussi bien traditionnalistes que modernistes que
va naître une littérature tunisienne, toutefois encore à la recherche d’un
accès à une société préoccupée certes par un vécu difficile et quelque peu
incompatible avec « l’épanouissement littéraire et culturel » et dont
l’effort principal était dirigé au combat politique contre le
colonialisme ; sans oublier le handicap majeur que constituait
l’analphabétisme régnant parmi le peuple.
Au lendemain de l’indépendance des
affinités personnelles plus que de pensée, se rassemblent autour de
« L’alliance de la nouvelle plume » (Rabitat Al Qalam Al Jadid).
C’est une forme nouvelle de quête de
soi individuelle qui va prendre le pas après le recouvrement de la souveraineté
collective, une sorte d’affirmation d’un talent à la recherche de
reconnaissance quelque part…
La reconnaissance venait de l’arrivée
d’une jeunesse fruit de l’effort du pouvoir national de l’indépendance en
matière de généralisation de l’école, une école moderne quelque part dans la suite de l’école
« Franco-arabe » de l’époque coloniale, mais où la Tunisie est
réhabilitée dans sa langue, son histoire et sa culture. La revue littéraire
« Al Fikr », fondée par Mohamed M’zali en collaboration avec Bechir
Ben Slama, est arrivé à ce moment charnière, comme une réponse à une attente
latente d’une jeunesse précoce nourrie des mamelles nourricière d’une école où
l’arabe et le français cohabitaient à merveille.
Autour d’Al fikrir vont se réunir les
figures marquantes de la littérature tunisienne
de toutes les générations, elle devient un forum où s’exprimait un
courant rénovateur dans lequel une grande partie de jeunes talent issus de la
nouvelle école de l’indépendance et marqués par les nouvelles données de la
culture et de la pensée mondiales.
La littérature n’était plus un genre à
part, l’interpénétration des genres et des formes d’expressions artistiques,
plastiques, théâtrales, musicales et cinématographiques était permanente. C’est
le passage de la notion de « vie littéraire » des années 30/40, à la
notion de « vie culturelle ».
Le retour des anciens étudiants
tunisiens des universités françaises pour prendre la chage dans l’université
tunisienne marquera cette époque, à travers les revues :
« Haouliets » et « Attajdid ». Farid Ghazi, Taoufik Baccar,
Mongi Chemli et Salah Garmadi ont été
les figures de proue de cette génération.
La cassure des barrières
intergénérationnelles permettra un compagnonnage enrichissant pour les jeunes
lycéens qui donneront plus tard naissance aux formes modernes et contestataires
du théâtre tunisien.
Ezzdine madani a constitué un pont
entre la génération des ainés (Ghazi,
Baccar, Garmadi, Belkhoja) et celle des benjamins (Samir Ayadi,Radhouan Kouni,
Ali Louati, Fadhel Jaziri, Raja Farhat, Garfi). L’expérimention(L’homme Zero)
de Ezzedine Madani (الإنسان الصفر) devient une des formes de la rénovation, face
à l’écriture fortement ancrée dans la culture populaire et du terroir comme celle de Bechir Khrayef dans Eddegla fi érajinha et Barguellil, ou
bien celle du brillant linguiste Salah Garmadi dans ses écrits où arabe
littéraire et dialectal s’entremêlent avec bonheur.
C’est dans ce contexte que le club
Aboulkacem Chebbi de la nouvelle voit le jour autour de M. L. Metoui, avec la
revue « Qassas »dont la contribution à l’essor de la nouvelle, du
récit et du romain tunisien moderne est considérable.
La vie culturelle des années 60, à
l’image de la vie littéraire des années 30, avait pour cadre un certain nombre
de lieux publics qui faisaient office de club informels. Les mutations sociales
profondes avaient provoqué la désertion graduelle des cafés des quartiers de la
médina ou des faubourgs, vers ceux de la ville européenne. Les café du Maghreb
de l’avenue de France, de Paris, de l’Univers, de Brasilia, de la belotte etc.…
rassemblaient poètes, chroniqueurs, peintres hommes de théâtre et cinéastes.
Avec l’arrivée de Aly ben Ayed à la
direction de la troupe du théâtre de la ville de Tunis, c’est le paysage
théâtral qui va se trouver bouleversé. Une certaine forme de théâtre
« populaire » de tradition
vaudevillesque et de boulevard adaptée à la tunisienne, va être reléguée à
l’histoire ancienne. Aly ben Ayed avec Habib Boulares comme auteur dramatique et Zoubzyr Turki
décorateur, vont créer l’évènement avec Murad III, un drame qui relate un pan
de notre histoire où la question du pouvoir absolue est admirablement mise en
scène par Ben Ayed.
Cet évènement ouvre la porte à la
création théâtrale comme composante de la littérature tunisienne, avec la verve
d’un Ezzedine Madani qui va sonder le patrimoine et l’histoire arabe, créant El
Hallaj, et Azzanj.
Le club de la nouvelle et du roman
d’El Wardia supporté par l’ancienne garde : M.L. Metoui, T. Guiga, et B.
Khrayef allait s’ouvrir aux jeunes
talents : E. Madani ; H. Nasr, A. Ben Salem, S. Ayadi, M. Bellaid, M.
Tarchouna, et Y. Mohamed, renforçant, entre autre : R. Kouni, A. Mammou
M.H. Ben salah, Tab’ii Lakhdhar, et A. Nalouti.
La création littéraire avait depuis un
certain temps intégré en son sein les dames qui se sont affirmé aussi bien dans
la prose et le roman que dans la poésie.
La fin des années 60 était
marquée par des évènements majeurs, la guerre des 6 jours, la guerre du
Viêtnam, la révolution culturelle chinoise, la guérilla guévariste en Amérique
latine, les soulèvements des campus de Californie à Berlin, Mai 68 sont autant
de facteurs d’influence sur la création culturelle en général et politique en
particulier. Ainsi le souffle du nationalisme, du socialisme et de l’engagement
politique se traduisait dans les œuvres poétiques, romancées et dramatiques,
avec Rached El Hamzaoui (Bûdûda est mort, 1962) ( بودودة مات), M. Laroussi El Metoui (Mûres amères 1967) (التوت المر),
et Mohamed Salah El
Jabri : (Un jour à Zamra, 1968) (يوم من أيام زمرة) . Par ailleurs Mhammed Marzouki et Jilani belhaj Yahia
menaient une œuvre de fouilles archéologiques dans les manuscrits, et la
mémoire collective : ( La bataille de Jellaz 1964) (معركة
الجلآز)
, ( Abul hasan Al Hussaru 1963), ( أبوالحسن الحصري القيرواني) ( Kharidat al qasr we jaridat al ‘asr 1966) ( خريدة
القصر وجريدة العصر).
Les années 70 viennent
confirmer la tendance de s’inscrire dans une modernité ouverte sur le monde,
dont le fer de lance fut la génération de l’indépendance. Une génération bien
que ancrée dans son terreau tunisien, elle aspirait à un universalisme en étant
bien informée de l’évolution des mouvements littéraires et de pensée dans le
monde, tant en occident qu’en orient. Les revues « Thaqafa » de la maison de culture
Ibn Khaldoun, Qasas du club culturel d’El Wardia, et Al fikr ouvraient leurs
pages à une nouvelle génération de poètes
dont Tahar Hammami, Habib Zannad, Mokhtar Loghmani, Fadhila chebbi
Mohamed Ahmed Gabsi et Noureddine Aziza, aux côtés des anciennes figures de
Noureddine Sammoud Jaafer Majed Ou Midani ben Slah. Ce brassage a crée une
compétition entre les rénovateurs de la tendance de la « poésie libre et
non verticale » (في غير العمودي والحر) et les
conservateurs de l’école classique.
La parution du recueil de
poèmes (اللحمة الحية) de
Salah Garmadi en 1970, allait attiser encore plus le feu de
la polémique, sur les questions de la langue, du patrimoine et de l’engagement.
On peut considérer les
années 70 comme étant des années de la poésie et de l’engagement. La
multiplication des soirées d’audition poétique dans les facultés, les foyers
universitaires, les espaces culturelles de l’intérieurs, et même sur la scène
du festival de Carthage, la participation de groupes de musique et chants
engagés a ces soirées a largement contribué à l’engouement du public à l’art
poétique. C’est les années qui vont donner leur notiriété aux poètes Sghayer
Ouled Ahmed, Moncef Mezghanni, Adam Fethi, Mohamed El Ouni, Abdelhamid Khrayef,
et Khaled Najjar.
A l’intérieur c’est l’école
de Kairouan qui va se distinguer par ses poètes novateurs Moncef Louhaybi,
Mohamed El Ghozzi et Jamila Mejri auxquels vont s’associer le romancier
Hassouba Mosbahi et Khaled Najjar soutenus par le poète et critique Ali Louati.
L’école de Kairouan s’est distingué par son retour à une certaine mystique
référentielle dans sa démarche poétique inspirée par leur appartenance à cette
ville chargée de valeurs soufies et de symbolique ptrimoniale.
A Sfax c’est un noyau constitué par les poètes
Abdejjabar El Euch, Noureddine Boujelbane, Moncef Mezghanni et d’autres qui vont
animer le club littéraire de la maison de culture.
A la fin des années 70, le paysage poétique
était marqué par 3 tendances principales :
·
La tendance réaliste des
tenants de la poésie engagée socialement, celle sui s’inscrit dans les luttes
sociles des classes défavorisés.
·
La tendance de la poésie
universelle de l’école de Kairouan.
·
La tendance rénovatrice pour
une poésie libre représentée par Mohamed El Ouni, Ouled Ahmed et Souf Abid.
Les années 70 ont été aussi
des années de l’épanouissement du travail théâtral par la naissance des
premières compagnies théâtrales privées.
Avec la création de la foire
internationale du livre au début des années 80, les mesures d’encouragement à
la création littéraire et à l’édition, ainsi qu’à l’augmentation des espaces,
forums et festivals littéraires, la vie culturelle et littéraire a réalisé un
bond qualitatif sans précédant, poésie, romans, littérature enfantine œuvres du
patrimoine, garnissent les rayons des librairies ; la contribution des
universitaires : Historiens, anthropologues, archéologues, vérificateurs
de manuscrits ont été d’un apport
inestimable à l’enrichissement de la bibliothèque tunisienne.
J'écris avec
toi bien-aimée mon sang mon cœur ma voix
Avec ma patrie Tunisie mon offrande
Je ne suis qu'à toi je peux me déchirer pour toi
Tunisie ma chérie ma Tunisie chaude amante
Moncef Ghachem. (Car vivre est un pays)
Avec ma patrie Tunisie mon offrande
Je ne suis qu'à toi je peux me déchirer pour toi
Tunisie ma chérie ma Tunisie chaude amante
Moncef Ghachem. (Car vivre est un pays)
Kateb Yassine répondait à
ceux qui lui demandaient les raison de son choix d’écrire en français en
disant : « Pour nous la langue française est un butin de
guerre », Les blessures engendrées par la guerre d’indépendance de
l’Algérie ont été si longues à cicatriser pour Kateb, il est naturel qu’il
arbore fièrement se butin de guerre
chèrement payé. Le français, pour la plupart de ceux qui le pratiquent
par nécessité professionnelle ou par le plaisir qu’ils prennent à l’écrire
poètes, écrivains ou simples chercheurs ou chroniqueurs, est un mariage de
raison conjointement consenti.
De Mahmoud Aslan (Les
yeux noirs 1943) à Aymen Hacen, la littérature tunisienne d’expression
française atteint ces dernières années
des niveaux d’éditions assez respectables contrairement au jugement
pessimiste d’A. Memmi qui lui prédisait « Une mort jeune ». Des
œuvres importante voient le jour aussi bien chez les auteurs expatriés que de
l’intérieur : Comme celle de Abdelwaheb Meddeb : Talismano (1979)
ou Mustapha Tlili : la rage aux trippes (1975). L’apport de
l’écriture féminine assure une relève plutôt encourageante : Souad
Guellouz (Les jardins du nord) Alia Mabrouk (L’émir et le croisés),
Emna belhaj Yahia (Chronique frontalière ; Tasharej), et Hela Beji (Itinéraire
de Paris à Tunis).
La tradition poétique depuis
feu Salah Garmadi est assurée par des poètes de talent : Moncef Ghachem,
Samir Marzouki, Majid El Houssi, Hedi
Bouraoui , Tahar Bekri , aymen Hacen et d’autres.
[1] Rab’aa ben Achour : « l’évolution culturelle » p. 217
in Histoire générale de la Tunisie, époque contemporaine Tome 4.
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