lundi 18 novembre 2013

Regards sur la littérature Tunisienne











Évoquer la notion de « littérature » dans la société tunisienne nous mène forcément à nous poser la question de « l’écrit » dans les sociétés de l’oralité de la sphère arabo-musulmane.
En effet, «l’écrit »  et par voie de conséquence le « lu », socialement parlant, renvoi à trois champs de significations, d’abord le champ du sacré symbolisé par le Coran principalement et le hadith ainsi que de tout autre écrit s’y rapportant ou référant, tels les invocations et autres écrits soufis. Le second, dérivé du premier concerne les usages thérapeutiques ou fétichistes de « l’écrit » à bon ou mauvais escient que pratiquaient les guérisseurs et les ‘azzamas qui vont de l’acte symbolique de « l’ouverture du livre » (حَلآن الكتاب) pour diagnostiquer une détresse, malchance ou maladie et confectionner l’amulette (حجاب) appropriée,  jusqu’aux pratiques de sorcellerie malveillante. Le troisième et le plus important sur le plan social, c’est l’acte notarié, celui par lequel sont fixées les relations de propriété, de mariages, de décès et d’héritage.
L’activité artistique humaine, dans la société orale, celle qui se rapporte à la poésie, la narration, la mythologie et les histoires du groupe sa généalogie et ses événements, sont consacrées dans le rituel de la communication orale et de sa transmission au cours des assemblées (ميعاد) des communautés rurales, ou bien dans les « forjas » de la « Halqa » des narrateurs et fdaouis des café urbains.
La quête du « savoir écrire et lire » était une sorte de privilège que ne pouvait s’offrir que ceux dont les moyens le permettaient, le passage par le Kouttab entre les mains du Meddeb, bien que encouragé par les préceptes du Hadiths, se limitait le plus souvent à l’acquisition des rudiments nécessaires à faire la prière, à déchiffrer ou à rédiger une « teskéré » et bien entendu à pouvoir déchiffrer et gérer les actes de famille.
La reproduction du système de diffusion de savoir était presque une spécialité familiale ou tribale, les enfants d’une Zaouïa أولاد زاوية، فقرة)  qui se transmettaient la charge de l’enseignement. Quand à devenir notaire cela impliquait des sacrifices tels que seules les familles aisées pouvaient se les consentir.
Le savoir de l’érudition qu’assuraient les grandes institutions comme la Zitouna, était un privilège d’une caste de lettrés de père en fils, en majorité citadine et ayant des attaches solides avec les pouvoirs politique et religieux. C’est ainsi que des familles héritaient les charges de « Muftis », « Cadis », « Cheikh Islam » et cheikh de la Zitouna.
Dans ce contexte, la société avait les éléments de sa « culture » qu’elle se partageait selon des rituels traditionnels ancestraux, et les élites lettrées, religieuses et politiques avaient les leurs dans une sorte de rupture permanente.
Avec l’introduction des techniques de l’imprimerie et l’apparition des livres, il s’est crée dans les couches populaires des villes, des habitudes d’écoute collective d’un lecteur des livres les plus prisés tels les mil et une nuit, la sirat de ‘Antara Ibn Chaddad, Saif ubn dhi yazan, Ras el Ghoul ou Dat el Himma. Des maisons d’éditions se sont spécialisées dans l’impression des contes populaires ainsi que les images représentant des héros de ces histoires qu’ils vendaient à prix modique.
C’est dans un balbutiement d’une conscience de « soi » que vont naitre les premières prémisses d’une pensée réformiste où il est question d’une identité face à une altérité occidentale puissante, hégémonique et agressive d’une part et surtout face à l’état de décadence de l’état, de  misère, de fatalisme de la société, et de l’incapacité collective (élites, pouvoir et individus) à identifier le « Mal » et à y faire face.
Les courants de pensée réformistes remontent au milieu du 19ème siècle avec les cheikhs issus de la Zitouna, parmi lesquels nous pouvons citer le poète Mahmoud Kabadou, (1812-1871) l’historien Ahmad Ibn Abi Dhiaf,(1804-1874) Mohammed Senoussi,(1850-1900) Mohamed Beyram El Khames(1840-1889) et Salem Bouhajeb (1827-1924). Ces personnalités avaient en commun une pensée réformiste active qui revendiquait d’assimiler de la civilisation occidentale les éléments  compatibles avec la Chari’a.
Ce courant de pensée ainsi que l’apport de Khair-Eddine et la création de Sadiki semblaient arriver trop tard face à la banqueroute de l’état, l’aggravation des rapports entre l’état central, ses représentants et les sujets soumis aux exactions les plus injustes.
La colonisation venait précipiter l’état de dépendance du pays, son humiliation et la misère de la soumission des populations dont les chefs de résistance se sont trouvés isolés et seuls face à un envahisseur aux moyens techniques et matériels supérieurs à tout égard.
La rupture des élites, de la société et de l’arrière pays tribal et traditionnel, ne faisait qu’accentuer l’isolement des uns et des autres.
Les débuts de cassure de l’état de rupture des élites de la société, s’exprimera par la voix de l’association des anciens de Sadiki et de la Khaldounia dont l’objectif commun était la transformation des mentalités par la lutte contre l’ignorance.
Par ailleurs, c’est du creuset de la Zitouna que les tentatives des réformes vont tenter de s’exprimer à la fois sur le contenu des programme de la Grande mosquée que sur l’état de misère sociale des étudiants de cette institution.
La question de la langue arabe et de sa défense comme un élément d’identité face au colonialisme, fut le point de convergence des diverses tendances (Nationalistes, Oulémas Zeitouniens) afin de construire une plateforme à la fois politique et intellectuelle et artistique. C’est par la voix du cheikh M. Tahar ben Achour, présidant un congrès de cinq jours, affirmant « l’indépendance et l’essor de la Tunisie dans le domaine littéraire et l’aptitude de la langue arabe à s’adapter à la modernité »[1]
Un courant se développe par la création des associations littéraires et artistiques ainsi que l’action journalistique, afin de créer les forums d’un nationalisme tunisien à partir des éléments de son identité linguistique, religieuse malgré le fait que la pensée réformiste « puise ses référents dans la culture européenne ».Les élites de l’époques sont déchirées par leurs propres références et racines « archaïques » et les influences nées de l’école française, de sa culture ainsi que des influences venues de la renaissance proche orientale et égyptienne en particulier.
Ces contradictions vont traverser l’enceinte même de la Zitouna, c’est la jeune garde issue de cette institution symbolisée par Aboul Kacem Chabbi, Tahar Haddad qui allait prendre en charge un discours innovateur tant littéraire que social.
Conférences congrès et causeries se multipliaient créant parmi les élites une dynamique inédite qui visait la diffusion d’idées nouvelles. Les gens des lettres se sentaient interpelés par le devoir de faire face aux défis nés du fait colonial ainsi que de l’état de la société.
La conférence de Chabbi  le 1er fevrier 1929 à la tribune des Anciens de Sadiki donnera lieu à l’une des plus virulentes controverses littéraires sur fond de  rivalités politiques. La rencontre de Chebbi, Hlioui et Bachrouch au premier tiers du 20ème siècle, l’ascension du groupe Taht Essour, plus tard,  avec A. Dou’aji, M. La’ribi, A.Karabaka, A. Laroui, M. S. M’hidi, H. L’abidi, M. Khrayef, M. Bourguiba, M. Marzouki, M.Bayrem Ettounsi, Z. A. Senoussi, A. Jendoubi, M. Ben Fedhila, A. Gherairi, l’essor  de l’activité journalistique et littéraire donnera naissance aux courants créatifs et fondateurs  tant par ce qui les rassemblait que par les divergences qui les secouaient, à un moment de l’histoire chargée de menaces, de misère sociales et  d’incertitudes. Cette période demeure aussi bien par les écrits que par les prises de positions de ses protagonistes une référence dont est issue une grande partie de la littérature tunisienne contemporaine.
Dans ce microcosme de la société tunisienne des années 30, on a du mal à tracer les limites entre les divers genres d’écriture ou d’activités en rapport avec la production littéraire, journalistique, poétique aussi bien en langue « Fosha » que dialectale. Le ton de la dérision prenait et de la satire devenait une arme de combat de l’état colonial, de ses symboles et des ses alliés. C’est à partir des sources d’une certaine culture populaire irrévérencieuse que la presse de l’époque puisait ses ressources, pour vilipender toutes les formes d’injustice et d’humiliation dont était victime le peuple tunisien, Ezzahou de Haj Othman el Gharbi en est l’illustration, avec les poèmes d’un Abderrahman El Kefi un poète engagé, d’abord dans la mouvance communiste avant de rejoindre les rangs du Neo-Destour.
Ainsi la production littéraire de cette époque était fortement marqué le souffle de la révolte, l’engagement social avec les plus démunis, ce qui a favorisé l’éclosion d’un romain et d’une nouvelle qui traduit des aspirations populaires par la voix d’écrivains qui vivaient dans une certaine errance et marginalité.
Après l’intermède de la 2eme guerre mondiale, C’est autour d’Athouraya que l’activité littéraire allait s’organiser, donnant naissance à un nouveau courant autour de la revue « El Mabaheth » de Mohamed Bachrouch , reprise en main par Mahmoud Messadi entourré d’une pléiade de Sadikiens, (Ali Balhouane, Mahjoub ben miled , Mohamed Souissi et Sadok Mazigh.) de formation moderniste ouverte sur les cultures occidentales tout en demeurant attachés à une certaine spécificité tunisienne pour contrecarrer le colonialisme, à un moment critique de l’histoire de la Tunisie. Ce courant contribuera activement à l’enrichissement de la littérature tunisienne par des œuvres majeures « Maoulid  annisiane » « Haddatha Abou Houraira » ainsi que des traductions des œuvres occidentales. 
C’est dans cette quête de soi et la prise de conscience des élites aussi bien traditionnalistes que modernistes que va naître une littérature tunisienne, toutefois encore à la recherche d’un accès à une société préoccupée certes par un vécu difficile et quelque peu incompatible avec « l’épanouissement littéraire et culturel » et dont l’effort principal était dirigé au combat politique contre le colonialisme ; sans oublier le handicap majeur que constituait l’analphabétisme régnant parmi le peuple. 
Au lendemain de l’indépendance des affinités personnelles plus que de pensée, se rassemblent autour de « L’alliance de la nouvelle plume » (Rabitat Al Qalam Al Jadid).
C’est une forme nouvelle de quête de soi individuelle qui va prendre le pas après le recouvrement de la souveraineté collective, une sorte d’affirmation d’un talent à la recherche de reconnaissance quelque part…
La reconnaissance venait de l’arrivée d’une jeunesse fruit de l’effort du pouvoir national de l’indépendance en matière de généralisation de l’école, une école moderne  quelque part dans la suite de l’école « Franco-arabe » de l’époque coloniale, mais où la Tunisie est réhabilitée dans sa langue, son histoire et sa culture. La revue littéraire « Al Fikr », fondée par Mohamed M’zali en collaboration avec Bechir Ben Slama, est arrivé à ce moment charnière, comme une réponse à une attente latente d’une jeunesse précoce nourrie des mamelles nourricière d’une école où l’arabe et le français cohabitaient à merveille.
Autour d’Al fikrir vont se réunir les figures marquantes de la littérature tunisienne  de toutes les générations, elle devient un forum où s’exprimait un courant rénovateur dans lequel une grande partie de jeunes talent issus de la nouvelle école de l’indépendance et marqués par les nouvelles données de la culture et de la pensée mondiales.
La littérature n’était plus un genre à part, l’interpénétration des genres et des formes d’expressions artistiques, plastiques, théâtrales, musicales et cinématographiques était permanente. C’est le passage de la notion de « vie littéraire » des années 30/40, à la notion de « vie culturelle ».
Le retour des anciens étudiants tunisiens des universités françaises pour prendre la chage dans l’université tunisienne marquera cette époque, à travers les revues : « Haouliets » et « Attajdid ». Farid Ghazi, Taoufik Baccar, Mongi Chemli et Salah Garmadi  ont été les figures de proue de cette génération.
La cassure des barrières intergénérationnelles permettra un compagnonnage enrichissant pour les jeunes lycéens qui donneront plus tard naissance aux formes modernes et contestataires du théâtre tunisien.
Ezzdine madani a constitué un pont entre la génération  des ainés (Ghazi, Baccar, Garmadi, Belkhoja) et celle des benjamins (Samir Ayadi,Radhouan Kouni, Ali Louati, Fadhel Jaziri, Raja Farhat, Garfi). L’expérimention(L’homme Zero) de Ezzedine Madani (الإنسان الصفر)   devient une des formes de la rénovation, face à l’écriture fortement ancrée dans la culture populaire et du terroir  comme celle de Bechir Khrayef  dans Eddegla fi érajinha et Barguellil, ou bien celle du brillant linguiste Salah Garmadi dans ses écrits où arabe littéraire et dialectal s’entremêlent avec bonheur.
C’est dans ce contexte que le club Aboulkacem Chebbi de la nouvelle voit le jour autour de M. L. Metoui, avec la revue « Qassas »dont la contribution à l’essor de la nouvelle, du récit et du romain tunisien moderne est considérable.
La vie culturelle des années 60, à l’image de la vie littéraire des années 30, avait pour cadre un certain nombre de lieux publics qui faisaient office de club informels. Les mutations sociales profondes avaient provoqué la désertion graduelle des cafés des quartiers de la médina ou des faubourgs, vers ceux de la ville européenne. Les café du Maghreb de l’avenue de France, de Paris, de l’Univers, de Brasilia, de la belotte etc.… rassemblaient poètes, chroniqueurs, peintres hommes de théâtre et cinéastes.
Avec l’arrivée de Aly ben Ayed à la direction de la troupe du théâtre de la ville de Tunis, c’est le paysage théâtral qui va se trouver bouleversé. Une certaine forme de théâtre « populaire »  de tradition vaudevillesque et de boulevard adaptée à la tunisienne, va être reléguée à l’histoire ancienne. Aly ben Ayed avec Habib Boulares  comme auteur dramatique et Zoubzyr Turki décorateur, vont créer l’évènement avec Murad III, un drame qui relate un pan de notre histoire où la question du pouvoir absolue est admirablement mise en scène par Ben Ayed.
Cet évènement ouvre la porte à la création théâtrale comme composante de la littérature tunisienne, avec la verve d’un Ezzedine Madani qui va sonder le patrimoine et l’histoire arabe, créant El Hallaj, et Azzanj.
Le club de la nouvelle et du roman d’El Wardia supporté par l’ancienne garde : M.L. Metoui, T. Guiga, et B. Khrayef  allait s’ouvrir aux jeunes talents : E. Madani ; H. Nasr, A. Ben Salem, S. Ayadi, M. Bellaid, M. Tarchouna, et Y. Mohamed, renforçant, entre autre : R. Kouni, A. Mammou M.H. Ben salah, Tab’ii Lakhdhar, et A. Nalouti.
La création littéraire avait depuis un certain temps intégré en son sein les dames qui se sont affirmé aussi bien dans la prose et le roman que dans la poésie.
La fin des années 60 était marquée par des évènements majeurs, la guerre des 6 jours, la guerre du Viêtnam, la révolution culturelle chinoise, la guérilla guévariste en Amérique latine, les soulèvements des campus de Californie à Berlin, Mai 68 sont autant de facteurs d’influence sur la création culturelle en général et politique en particulier. Ainsi le souffle du nationalisme, du socialisme et de l’engagement politique se traduisait dans les œuvres poétiques, romancées et dramatiques, avec Rached El Hamzaoui (Bûdûda est mort, 1962) ( بودودة مات), M. Laroussi El Metoui (Mûres amères 1967) (التوت المر), et Mohamed Salah El Jabri : (Un jour à Zamra, 1968) (يوم من أيام زمرة) . Par ailleurs Mhammed Marzouki et Jilani belhaj Yahia menaient une œuvre de fouilles archéologiques dans les manuscrits, et la mémoire collective : ( La bataille de Jellaz 1964) (معركة الجلآز) , ( Abul hasan Al Hussaru 1963), ( أبوالحسن الحصري القيرواني) ( Kharidat al qasr we jaridat al ‘asr 1966) ( خريدة القصر وجريدة العصر).
Les années 70 viennent confirmer la tendance de s’inscrire dans une modernité ouverte sur le monde, dont le fer de lance fut la génération de l’indépendance. Une génération bien que ancrée dans son terreau tunisien, elle aspirait à un universalisme en étant bien informée de l’évolution des mouvements littéraires et de pensée dans le monde, tant en occident qu’en orient. Les revues  « Thaqafa » de la maison de culture Ibn Khaldoun, Qasas du club culturel d’El Wardia, et Al fikr ouvraient leurs pages à une nouvelle génération de poètes  dont Tahar Hammami, Habib Zannad, Mokhtar Loghmani, Fadhila chebbi Mohamed Ahmed Gabsi et Noureddine Aziza, aux côtés des anciennes figures de Noureddine Sammoud Jaafer Majed Ou Midani ben Slah. Ce brassage a crée une compétition entre les rénovateurs de la tendance de la « poésie libre et non verticale » (في غير العمودي والحر) et les conservateurs de l’école classique.
La parution du recueil de poèmes (اللحمة الحية) de Salah Garmadi en 1970, allait attiser encore plus le feu de la polémique, sur les questions de la langue, du patrimoine et de l’engagement.
On peut considérer les années 70 comme étant des années de la poésie et de l’engagement. La multiplication des soirées d’audition poétique dans les facultés, les foyers universitaires, les espaces culturelles de l’intérieurs, et même sur la scène du festival de Carthage, la participation de groupes de musique et chants engagés a ces soirées a largement contribué à l’engouement du public à l’art poétique. C’est les années qui vont donner leur notiriété aux poètes Sghayer Ouled Ahmed, Moncef Mezghanni, Adam Fethi, Mohamed El Ouni, Abdelhamid Khrayef, et Khaled Najjar.
A l’intérieur c’est l’école de Kairouan qui va se distinguer par ses poètes novateurs Moncef Louhaybi, Mohamed El Ghozzi et Jamila Mejri auxquels vont s’associer le romancier Hassouba Mosbahi et Khaled Najjar soutenus par le poète et critique Ali Louati. L’école de Kairouan s’est distingué par son retour à une certaine mystique référentielle dans sa démarche poétique inspirée par leur appartenance à cette ville chargée de valeurs soufies et de symbolique ptrimoniale.
 A Sfax c’est un noyau constitué par les poètes Abdejjabar El Euch, Noureddine Boujelbane, Moncef Mezghanni et d’autres qui vont animer le club littéraire de la maison de culture.
 A la fin des années 70, le paysage poétique était marqué par 3 tendances principales :
·         La tendance réaliste des tenants de la poésie engagée socialement, celle sui s’inscrit dans les luttes sociles des classes défavorisés.
·         La tendance de la poésie universelle de l’école de Kairouan.
·         La tendance rénovatrice pour une poésie libre représentée par Mohamed El Ouni, Ouled Ahmed  et Souf Abid.
Les années 70 ont été aussi des années de l’épanouissement du travail théâtral par la naissance des premières compagnies théâtrales privées.
Avec la création de la foire internationale du livre au début des années 80, les mesures d’encouragement à la création littéraire et à l’édition, ainsi qu’à l’augmentation des espaces, forums et festivals littéraires, la vie culturelle et littéraire a réalisé un bond qualitatif sans précédant, poésie, romans, littérature enfantine œuvres du patrimoine, garnissent les rayons des librairies ; la contribution des universitaires : Historiens, anthropologues, archéologues, vérificateurs de manuscrits  ont été d’un apport inestimable à l’enrichissement de la bibliothèque tunisienne.

J'écris avec toi bien-aimée mon sang mon cœur ma voix        
Avec ma patrie Tunisie mon offrande             
Je ne suis qu'à toi je peux me déchirer pour toi            
Tunisie ma chérie ma Tunisie chaude amante            
                  Moncef Ghachem. (Car vivre est un pays)
Kateb Yassine répondait à ceux qui lui demandaient les raison de son choix d’écrire en français en disant : « Pour nous la langue française est un butin de guerre », Les blessures engendrées par la guerre d’indépendance de l’Algérie ont été si longues à cicatriser pour Kateb, il est naturel qu’il arbore fièrement se butin de guerre  chèrement payé. Le français, pour la plupart de ceux qui le pratiquent par nécessité professionnelle ou par le plaisir qu’ils prennent à l’écrire poètes, écrivains ou simples chercheurs ou chroniqueurs, est un mariage de raison conjointement consenti.
De Mahmoud Aslan (Les yeux noirs 1943) à Aymen Hacen, la littérature tunisienne d’expression française atteint ces dernières années  des niveaux d’éditions assez respectables contrairement au jugement pessimiste d’A. Memmi qui lui prédisait « Une mort jeune ». Des œuvres importante voient le jour aussi bien chez les auteurs expatriés que de l’intérieur : Comme celle de Abdelwaheb Meddeb : Talismano (1979) ou Mustapha Tlili : la rage aux trippes (1975). L’apport de l’écriture féminine assure une relève plutôt encourageante : Souad Guellouz (Les jardins du nord) Alia Mabrouk (L’émir et le croisés), Emna belhaj Yahia (Chronique frontalière ; Tasharej), et Hela Beji (Itinéraire de Paris à Tunis).
La tradition poétique depuis feu Salah Garmadi est assurée par des poètes de talent : Moncef Ghachem, Samir Marzouki, Majid  El Houssi, Hedi Bouraoui , Tahar Bekri , aymen Hacen et d’autres.


[1] Rab’aa ben Achour : « l’évolution culturelle » p. 217 in Histoire générale de la Tunisie, époque contemporaine Tome 4.

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