Peut-on parler de domination Arabe sans être dans une lecture coloniale de l’histoire du Maghreb ?
Tout d’abord je tiens à relever la tendance à la polémique plutôt qu’au débat d’idées chez certains commentateurs qui m’intentent de prime abord un procès d’intention sans avancer d’opinions propres aux questions que j’ai proposées comme plate-forme de discussion. Je ne veux pas rentrer dans ce genre d’échange stérile et non productif, Sinon il y a lieu de relever l’intérêt que portent les lecteurs et commentateurs aux questions soulevées.
Un point mérite développement, il est relatif à ce qu’un commentateur qualifie de « Lecture biaisée » du fait de mon "omission de la domination arabo-musulmane". A cet égard je réfute purement et simplement ce qualificatif de la période arabo-musulmane, laquelle au demeurant prévaut jusqu’à nos jours !
Le caractère de domination est inexistant du fait principal que le dominant n’est pas un ÉTAT étranger exerçant une occupation militaire et administrative et/ou coloniale de la Tunisie. Une occupation qui a un caractère plus ou moins limitée dans le temps, Une sorte d’intermède comme ça a été le cas lors de l’occupation Romaine, Normande, Vandale, Espagnole ou Ottomane. Il est vrai que les dynasties Aghlabide, Fatimide et même Ziride –vassale des Fatimides- pouvaient être assimilées à des périodes de domination, qui pouvait être réversible ; car l’Ifriqiya était encore majoritairement Amazigh alors que la composante arabe au pouvoir était minoritaire. Toutefois, cet état des choses atteint le stade d’irréversibilité par l’arabisation totale de l’ensemble du Maghreb (à des degrés divers certes), au lendemain de l’invasion Hilalienne (11ème s). Ainsi l’élément arabe devient une composante fondatrice d’un espace géographique, démographique, religieux et culturel nouveau. En fait le brassage n’était pas à sens unique CàD « l’arabisation » mais dans l’autre sens aussi par une assimilation des éléments arabes dans l’amazighité comme donnée linguistique et d’une manière d’être et de vivre (mode de production agraire et sédentaire # Nomadisme et mode de vie pastoral)
D’ailleurs ce phénomène n’était pas propre au Maghreb, en effet le 11ème siècle verra de grands mouvements de populations dans diverses autres régions du monde de l’époque.
La physionomie du Maghreb va se transformer de fond en comble, les équilibres précaires entre les grandes tribus amazigh s’effondrent brutalement sous les coups des vagues successives des tribus des Beni hilal , Soleim, Athbuj et autre Riah et Zoghba.
La soumission de ces tribus n’eût lieu qu’en 555 de l’hégire (1152)avec la fameuse bataille de Setif (bain de sang) qui les opposa à l’almohade Abdelmoumen Ibn Ali.
Déjà un siècle auparavant, l’occident maghrébin était gouverné par le deuxième empire amazigh les almoravides. Avec las Almohades et par la suite leurs vassaux les Hafsides de Tunis, il n’est plus admis de « Domination arabe »
La période de la dynastie hafside (la grande fille de l’empire Almohade) fût une période de relative stabilité où Pouvoir et Population ont vécu une symbiose résultant de la légitimité admise de la dynastie par les « sujets » d’une part et du profond attachement de cette dynastie à son appartenance à la TUNISIE. Plusieurs facteurs ont contribué à cet état des rapports entre gouvernants et gouvernés qu’il serait fastidieux et long de les développer dans cette note.
Le passage de l’Ifriqiya du moyen âge maghrébin, vers la Tunisie hafside ne fût pas chose aisée, l’œuvre colossale d’homogénéisation d’un pays disloqué par les séquelles de l’invasion hilaliennes, ainsi que celle des normands, les révoltes et les schismes religieux dû passer par la répression sans pitié des Banu Ghania et consorts de même que de touts les ilots de la dissidence religieuse représentée par les Ibâdites et autre mouvances kharijite. La cohésion de la Tunisie Hafside se fera autour du rite Sunnite Malékite Ach3arite cher aux émirs Amazigh Almohades et Hafsides. La bataille engagée dans ce sens fût dirigée aussi bien sur les fronts militaire, politique que maraboutique, dont les grands cheikhs ont été appelés à contribution tels Sidi Bou Ali Essunni, Abou el Ghaouth Eddahmani Abdelaziz Eljarah et d'autres. C’est ce trait de caractère qui va façonner à la fois la vie spirituelle religieuse et politique du Maghreb en général et de la Tunisie en particulier pour le distinguer d’une manière définitive des autres pays arabes du proche orient