Abul Kacem Chabi
(Tunisie, 1909-1934)
Aux tyrans
« La voix des humiliés est faible, dit on,
Et sourdes les oreilles des tyrans de ce monde. »
Non la clameur du peuple est l’ouragan
Qui courbe le plus puissant des trônes et le fracasse.
La voix tonnante de la justice lui fait écho
Le grondement des guerres dévastatrices a des bouches béantes
Lorsqu’un peuple enfin, s’unit, pour la justice
Il s’affermit maître de son destin
*
Malheur, malheur à vous, piliers d’iniquité
Du jour où l’opprimé se met debout et avance
Il brisera d’un coup ses chaînes millénaires,
Laissera éclater pleinement sa fureur !
Auriez vous l’illusion au spectacle d’un peuple touché à l’œil, le fermant ?
Ou bien du vaste espace sommeillant, assombri ?
Aujourd’hui enfouis, les élans impétueux du pays
Bouillonnent en profondeur, menaçants.
Viendra l’heure, si proche, de leur éclatement,
Le peuple vibrera du plus beau de ses chants.
Ainsi ; pendant longtemps assoupie, elle se réveille en fureur
Défait d’un seul coup ce qu’ont tissé les ténèbres.
Quand, dans sa misère, le faible se relève, disparaît toute crainte
Vous saurez, ô tyrans, qui de nous les flots emporteront
Pour récolter ce qu’hier sa propre main a semé
Qui sème la douleur récolte l’amertume.
L’arbre de la vie se verra arrosé ; pousseront ses racines.
Et vous, tyrans, vous l’entendrez forte la voix de la justice
Lorsque le destin, de son amer calice, vous aura abreuvés.
Le jour où le tyran s’effondre sous ses chaînes
Alors il entend la douleur de ce monde… et comprend.
(le 20 février 1929)
(« Au tyran, dans Diwan)
(Traduit par Ahmed Ben Othman)
(Traduit par Ahmed Ben Othman)
3 commentaires:
Merci pour ce partage, je souhaiterais juste attirer votre attntions sur une faute de frappe au titre, vous écriez Tirans au lieu de Tyrans.
Amicalement
Merci pour votre remarque
@anonyme, t'as massacré ce que je pensais être un jeu de mots(de frappe) tiran : le tyran tireur :), pas grave, l'orthographe l'a remporté :)
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